• votre commentaire
  •  


    votre commentaire

  • votre commentaire
  • "Devenir un vieux con n'est pas à la portée du premier idiot venu. Il faut de la patience, et une forme rare d'abnégation qui consiste a renier ce qu'il y eut de soi jadis de plus séduisant, de plus joyeux, de plus vivant, quand une aube permanente se levait, quand un sang toujouts neuf battait aux tempes et aux yeux, quand on n'avait pas peur de se dresser contre l'ancien monde, avec la conviction qu'il ne tarderait pas à craquer sous nos coups.

    Devenir un vieux con c'est quitter les rêves puerils pour acceder enfin a l'humain, consentir à ce que le rabougrissement de l'esprit aille de pair avec celui du corps, c'est entrouvrir la porte de l'oubli par où un vent aigre s'engouffre, un vent qui balaie le souvenir de la péremptoire jeunesse et prépare le terrain pour la suite et la fin.Devenir vieux, nous y arrivons tous ou presque; con, c'est une autre affaire.Un instant de doute peut vous ruiner une métamorphose jusque-là en bonne voie.

    Le vieux, devenus sénateurs, journalistes, politiciens, intellectuels, présidentiables, infatiguables analystes du monde contemporain, s'ils mirent plus ou moins d'énergie et de conviction à donner leur avis sur le phénomene en cours, ce fut en général pour dénigrer la jeunesse comme l'avaient fait avant eux leurs pères et leurs grands-pères_ en employant sans doute inconsciemment, la meme rethorique,et souvent le meme vocabulaire.Il y a quelque chose de touchant dans le caractere fatal de la reproduction, comme lorsqu'on compare la photo jaunie de l'aieul avec le visage d'un petit enfant et que l'on décèle dans les traits de l'un et de l'autre d'indubitables analogies.On regarde Geismar, et soudain on voit Peyrefitte.Le leur eut-on fait remarquer,ils eussent poussé des hauts-cris; et pourtant sous ces cheveulures grisonnates, derrière ces,lunettes cerclées abritant des regards toujours vifs, sous ces vetements parfois discretement marqués de nostalgie prolétarienne, velours a côtes, toiles epaisse, chaussures de bon cuir ouvrier, pointait, indéniablement la figure du vieux con.A les entendre, la jeunesse était pourrie par le mercantilisme globalié, la jeunesse  était droguée a l'opium de la sécurité sociale, la jeunesse ne savait ni plus oser, ni rêver, la jeunesse s'encroutait miserablement dans des aspirations de retraite complémentaire.Bref la jeunesse etait très, très decevante..."

    éloge du vieux con .jean marie Laclavetine


    votre commentaire

  • votre commentaire